meinetwegen

tentative de rattrapage, espace d'exploration, d'échange et d'expérimentation, tout par la langue, rien que la langue, slurp.

30 November 2006

Il reste - quatrième partie

Claire ne veut plus dormir avec moi dans la chambre. J’ai beau lui dire que je la laisserai dormir, que je n’empiéterai pas sur sa moitié de lit. Elle me fusille du regard, soupire et répète qu’il faut que je m’en aille. Elle campe depuis une semaine dans le salon, sur le canapé, elle ne doit pas bien dormir comme ça, ce n’est pas un canapé-lit et puis c’est ridicule, je suis là tout seul dans le grand lit, notre grand lit. Je l’entends tourner en rond, regarder la télé jusque tard. L’autre nuit, je ne dormais pas encore, je l’ai entendue qui sanglotait. Je me suis levé pour la réconforter, elle a pleuré encore plus fort en me voyant entrer, s’est cachée la tête sous la couette et m’a crié de partir, enfin, de me casser. J’étais vraiment désœuvré, je voulais l’aider, sincèrement, je n’aime pas la voir dans cet état. Je ne sais pas pourquoi elle s’obstine à me tenir pour responsable de son malheur. J’ai tenté différentes approche depuis le week-end dernier, je lui ai proposé de l’inviter à dîner quelque part pour qu’on discute, j’avais acheté des fleurs, c’est vrai que je ne le fais pas souvent, mais je n’ai pas vu dans sa surprise de joie ou de réconfort. Au restaurant, nous avons discuté calmement, mais elle s’enferme dans cette idée que je suis de trop, que tout ira mieux quand je ne serai plus là. Pour tous les deux. Mais c’est là qu’elle se trompe, je ne vois pas pourquoi j’irais mieux sans elle, c’est avec elle que je veux être, je suis bien avec Claire, c’est normal de rester avec celle qu’on aime. L’avantage de se voir en dehors de chez nous, c’est qu’elle ne pouvait pas crier, elle était obligée de se maîtriser. Je sentais que ça la minait de ne pas pouvoir éclater un bon coup. Elle m’a demandé une cigarette et j’ai compris que ça n’allait vraiment pas. Claire a arrêté de fumer bien avant qu’on soit ensemble. Elle a toujours essayé de me dissuader de continuer moi-même mais ne m’a jamais empêché de fumer à la maison. Là, elle a fumé toute la soirée. En rentrant, elle m’a demandé de partir dès le lendemain. Elle m’a laissé l’embrasser sur la joue quand je lui ai souhaité une bonne nuit après avoir longuement tergiversé et pas mal bu au restaurant. Mais depuis, j’ai bien réfléchi à tout ce qu’elle m’a dit. Je crois plus à un passage à vide de sa part qu’à une réelle volonté d’en finir avec notre histoire. C’est sûrement une forme atténuée de dépression, je n’y connais rien, mais le fait qu’elle pleure si souvent, qu’elle soit dans ce délire de vouloir me voir partir, je ne vois pas d’autre explication rationnelle. Alors je vais attendre que ça passe et elle verra que ce sera encore plus fort quand on sera sortis de cette mauvaise passe. Je ne lui ai pas dit ça. J’espère qu’elle le comprendra.

28 November 2006

Il reste - troisième partie

Quand il s’est approché pour m’embrasser, j’ai eu un mouvement de recul. J’étais pliée en deux sur le canapé, lui juste au-dessus de moi, prêt à aller bosser. J’ai dit non ça ne va pas, Fred, t’as plus rien à faire ici, t’as pas compris, je veux que tu partes, c’est fini. Lui a dit que non, que je ne le pense pas vraiment et puis où il irait, on ne trouve pas un appartement comme ça en claquant des doigts, il m’a saoulée avec ses histoires de préavis, que je pouvais moi aussi lui laisser un préavis. J’ai répondu que j’étais pas sa proprio, ni sa patronne, je lui demandais juste de partir, pour le bien de tout le monde. Ça ne sert à rien de rester ensemble quand on ne s’aime plus. Et là il a juste murmuré, mais moi je t’aime, ça m’a scié, je sais pas ce qu’il espère, pourquoi il veut faire durer, ça, cette histoire qui traîne depuis trop longtemps. Je pourrais partir, moi, mais le bail est à mon nom, c’est chez moi ici et puis quoi, plus il restera plus on va se faire du mal, je ne lui veux pas de mal, en tout cas pas encore, il faut qu’il parte maintenant, le plus tôt possible, je croyais avoir été claire. Il a fait cette vieille blague t’es toujours Claire, ça me faisait rire avant mais là j’ai pris le premier coussin qui passait et je lui ai jeté casse-toi. Il est parti. Travailler. Je sais que ce soir il sera encore là quand je rentrerai. J’essaye de trouver une solution sous l’eau bouillante de la douche je mouille mon visage exprès comme pour me cacher que je pleure. Il veut qu’on se fasse la guerre, je ne sais pas, c’est du chantage mais il ne donne pas de conditions, je pourrais changer les serrures, tout mettre devant la porte, comme dans les mauvais mélos, qu’est-ce qu’il veut qu’est-ce qu’il espère de moi. On va se détester, c’est justement ce que je voulais éviter en lui demandant de partir. On arrête là, en adultes, on garde le bon, les souvenirs et on aura plaisir à se revoir dans quelques mois, on gardera toujours ce plus, ce qu’on a vécu, ce qu’on sait de l’autre. C’est quand même mieux que de s’user, de s’ignorer, de se bouffer le nez pour des histoires de colocation. Parce que ce n’est plus qu’une colocation, s’il reste et je ne veux pas d’un colocataire. J’ai besoin d’être un peu seule, de me retrouver, de faire le point. C’est fou, c’est le genre de phrases qu’on lit ou qu’on entend, dans les histoires de rupture mais c’est exactement ça, j’ai besoin d’être un peu seule, il pourrait respecter ça, à défaut de comprendre. Je voulais pas lui faire le coup de la parenthèse, du temps de réflexion, on a bien eu le temps de réfléchir depuis tout ce temps où ça piétine entre nous. Il voit bien que ce n’est plus comme avant, entre nous, comment peut-il encore parler d’amour.

26 November 2006

Il reste - deuxième partie

Bon alors quand Claire a remis ça l’autre soir je ne l’ai pas vraiment prise au sérieux. Depuis trois ans qu’on vit ensemble, je veux dire qu’on habite ensemble, elle a mis dix mois à accepter que j’emménage avec elle à l’époque, on a eu des hauts et des bas. C’est normal. On n’est parfait ni l’un ni l’autre mais globalement, je trouve que ça se passe plutôt bien entre nous. On a trouvé un équilibre dans notre relation entre son tempérament, disons, énergique et mon côté plus réservé. C’est ce que j’aime chez elle, cette façon qu’elle a de s’emballer, de s’enthousiasmer, voire de s’enflammer pour des choses qui, moi, me laisseraient plutôt indifférent. Elle essaye toujours de me faire comprendre les raisons de son excitation dans ces moments-là, j’aime bien quand elle veut me convaincre qu’elle a raison. Moi, je ne cherche pas à tout prix à avoir raison, je ne suis pas quelqu’un qui argumente ou qui aime débattre pendant des heures. Claire, si. Alors on a eu des soirées animées, des discussions sur tout, la politique, un film que nous avions vu, nos familles et leurs habitudes contradictoires. En général, je ne cherche pas à avoir le dessus, ça ne sert pas à grand chose. Au risque de paraître mou. Ou terne. C’est son ami d’enfance qui a dit ça de moi, que j’étais trop terne pour Claire. Claire s’est brouillée avec lui, je n’étais pas là à ce moment-là, mais je sais qu’elle a pris ma défense et qu’elle a préféré se fâcher avec lui, qu’elle aimait depuis toujours, pour préserver notre amour. J’étais un peu gêné d’être la cause de cette brouille mais en même temps ça n’a fait que renforcer notre relation. Depuis, elle m’appelle son Fred multicolore. Quand ça va bien entre nous. Vendredi, ça manquait cruellement de couleurs dans ses propos. Pour me qualifier. J’ai cru qu’elle allait lâcher le mot, dire que j’étais terne, que Samuel avait raison, elle a hésité, je l’ai senti. Bizarrement, ce n’est pas ça qui m’aurait le plus fait de mal, si elle l’avait voulu. Elle est partie dans la nuit après m’avoir fait une démonstration de tout son répertoire flamboyant, de toute façon, ce week-end était prévu de longue date, je lui avais dit tout de suite que je ne viendrais pas. Je ne sais pas si c’est à cause de ça qu’elle m’a fait cette scène. Avec Claire, on ne sait jamais trop si elle exagère pour marquer les esprits ou si elle est vraiment dans un état de révolte sincère. Même moi j’ai du mal à le savoir. C’est vrai que ça fait plusieurs jours qu’elle ne va pas bien, qu’elle est assez susceptible mais je n’ai pas l’impression d’avoir changé ou de m’être rendu désagréable. J’imagine que c’est ses journées au travail qui la mettent dans cet état. Ils la poussent à bout. J’évite le sujet parce que je sais qu’elle n’aime pas qu’on en parle.
Elle m’a demandé de partir d’ici, de ne plus revenir. Elle a décidé que c’était fini. Je ne vois pas comment notre histoire pourrait s’arrêter comme ça, d’un coup, alors qu’il n’y a pas eu de problèmes, je veux dire, entre nous. Quand on est tous les deux, tout se passe plutôt bien. On s’aime. On est complices. Je sens bien qu’elle n’est pas bien. Mais je ne vais pas la laisser au moment où elle a le plus besoin de moi. Je vais attendre qu’elle revienne pour qu’on en parle. Calmement.

24 November 2006

Il reste - première partie


Je suis arrivée vers 23 heures, ai poussé la porte avec mon sac, posé mes clés à droite en entrant. Il n'est pas parti. Je l'ai vu tout de suite à ses mocassins sur le paillasson. J'étais sûre qu'il ne pourrait pas rester. Après ce qu'on s'était dit. Après ce que je lui ai dit. Sur le moment, c'était un peu théâtral, je parlais très fort, j'avais ouvert la porte de l'appartement en lui disant de partir, en le suppliant. Sinon ça va mal se passer. J'avais dit ça comme dans un film. Et puis j'avais refermé la porte parce quand même il était tard, les voisins n'avaient pas à savoir ce qui se passait, ça allait suffisamment jaser de me voir toute seule dans l'immeuble... Fred est resté très calme, comme toujours. Il a dû croire à une nouvelle crise, j'ai vu que jouer les hystériques n'arrangerait rien. J'ai donc changé de ton. Et j'ai tout déballé. Toute cette histoire pour pas grand chose. Plus d'envie, on tourne en rond, tu le dis toi-même qu'on tourne en rond, je te vois soupirer, tu sais, je te vois quand tu me tournes le dos et que tu soupires. On ne va pas tout gâcher juste parce qu’on a un bel appart’ qu’il serait dommage de quitter. C’est ridicule. J’ai pas envie de gâcher les bons souvenirs maintenant.
Tout le temps où je disais ça, il jouait avec sa cigarette, pas pour me provoquer, non, je crois qu’il ne voyait pas que cette fois j’étais sérieuse, que je pensais ce que je disais ou plutôt que j’avais réfléchi avant de le dire. Ce n’était pas une engueulade de plus. C’était fini. J’ai dit ça en pensant avoir l’argument ultime. C’est fini, Fred. Ça ne sert plus à rien. Sinon ça va mal se passer. Il soufflait lentement la fumée en me regardant avec un air inexpressif, plutôt fermé, renfrogné. J’ai explosé. Mais dis quelque chose, toi, tu vois bien qu’on ne se supporte plus, je vois bien que tu ne peux plus me supporter. Ça fait des jours qu’on ne se parle que pour se dire t’as payé le loyer, faut penser à mettre des sous pour la voiture demain, c’est pas ce qu’on voulait, on va pas vivre comme ça toute notre vie. A ce moment-là, dans son regard j’ai vu passer une lueur bizarre, comme un défi, comme s’il me disait, moi ça me dérange pas de vivre comme ça. Du coup, j’ai été méchante, j’ai dit des trucs que je ne pensais même pas pour le faire réagir, pour qu’il se défende, pour qu’il parle. J’ai tout ressorti, les vieux problèmes qu’on avait enterrés, sa mère, le fait que mes amis m’avaient laissée tomber parce qu’ils n’appréciaient pas sa compagnie, je rajoutais les couches successives pour le blesser, pour le voir flancher, pour que lui aussi s’énerve à son tour, qu’il vide son sac, qu’il me dise ce qui ne va pas, depuis tout le temps où ça vivote chez nous. Il a écrasé sa cigarette en agitant légèrement la tête de gauche à droite. Et il a dit je ne vois pas pourquoi je partirais.
Bon, après ça, je pense que les voisins ont eu tout le loisir de comprendre ce qui se passait chez nous, j’ai crié, j’ai crié plus pour lui faire peur, qu’il comprenne enfin que je ne plaisantais pas que c’était vraiment fini, que je voulais qu’il s’en aille. Sinon c’est sûr ça va mal se passer. J’ai dit je pars pour trois jours, quand je rentre je veux ta clé dans la boîte et je ne veux pas te retrouver ici. Ça vaut mieux pour tous les deux… Et là, je rentre et il dort ou doit dormir dans la chambre, tout est éteint. J’hésite à faire un scandale, à le jeter du lit à le mettre dehors à jeter ses affaires par la fenêtre à réveiller toute la montée à appeler les flics pour qu’ils l’emmènent à le rouer de coups jusqu’à ce qu’il.
Je n’ai presque pas dormi du week-end et je n’ai pas la force de lutter ce soir. Je me couche sur le canapé.

19 November 2006

ce que je suis

vidéo de Joris Clerté pour Holden

07 November 2006

pour son grade


Elle m'a dit : "Je suis amoureuse d'un capitaine de gendarmerie." Comme ça, de but en blanc. Je n'ai pas compris pourquoi. Où était pour elle l'urgence de me délivrer une telle information ? Qu'elle soit amoureuse, soit, c'était sûrement important de me le signaler suffisamment tôt pour que j'évite de me projeter moi-même dans un schéma de séduction, au moins les choses sont claires dès le départ, mais elle aurait aussi pu dire, j'ai quelqu'un, je ne suis pas celle que vous croyez, non, je vous en prie, arrêtez de me regarder avec ces yeux, vous me mettez mal à l'aise, vous me troublez, non, ça elle ne l'aurait pas dit, d'ailleurs elle s'est contentée de me dire qu'elle était amoureuse d'un capitaine de gendarmerie. Elle a répondu ça à ma question, en fait je me rends compte à l'instant qu'elle a vraiment répondu à côté de la plaque. Je venais de lui demander qui elle connaissait dans cette soirée d'anniversaire, ça faisait un moment que nos regards se croisaient, et elle m'a dit ça avec un grand sourire, après m'avoir dit son prénom. J'ai pris ça pour un jeu, une petite provocation, elle essayait sans doute de tester ma réaction, ma spontanéité, elle voulait voir si j'insisterais. Après tout, c'est une bonne nouvelle : cette fille que je ne connais pas encore me fait partager son bonheur dès les premières secondes, m'annonçant fièrement qu'elle vit une histoire d'amour passionnante. Encore que "amoureuse" ne veut pas dire qu'elle vit avec lui. Il s'agit là peut-être d'un appel au secours. Je suis amoureuse d'un capitaine de gendarmerie, qui lui-même est marié, heureux de l'être et ignore tous mes appels, toutes mes lettres, je suis au bout, je ne peux continuer à vivre ce calvaire, s'il vous plait, aidez-moi à trouver une lame assez longue que je me la plante dans le coeur... Elle ne l'aurait pas dit avec ce sourire. A l'inverse, si elle partage déjà la vie d'un gendarme depuis cinq ans, qu'elle l'attend langoureusement tous les soirs au retour de ses interventions, elle ne me dirait pas être amoureuse, mais juste, je suis mariée, je vis avec quelqu'un de plus gradé que toi. Oui, parce que ce qui m'a le plus dérangé dans tout ça, c'est la mention du grade de ce gendarme. Je veux bien que j'aie la tête du civil parfait, dont les doigts trembleraient à la vue d'une arme, qu'est-ce qui a pu lui faire penser qu'il fallait pour me décourager m'annoncer le pédigrée de l'homme qui, apparemment, a ravi son coeur. Elle aurait tout aussi bien eu toutes les raisons de dire je vis avec François, je ne suis pas libre, je brûle d'amour pour un beau blond, mais un capitaine de gendarmerie, d'accord, ça impressionne sûrement ceux qui ont quelque chose à se reprocher, comme une menace sous-entendue, attention mon petit gars, celui que j'aime est plus fort que toi. Et au cas où toi-même tu serais adjudant ou sous-sergent-chef, sache que le mien il est capitaine et que par respect de la hiérarchie, je te somme sur l'heure de cesser toute tentative d'approche à mon égard au risque de devoir encourir des sanctions disciplinaires. Rompez. Qui parle de rompre, alors que nous n'avons rien commencé. Je n'arrive donc pas à savoir si elle m'a dit ça pour l'une ou l'autre raison. J'ai la tête d'un délinquant potentiel ou avéré, d'un petit soldat, d'un pauvre type qui se laisse impressionner par l'uniforme ou elle dit ça à chaque fois, pour voir comment l'autre va se comporter, un petit rituel dans le jeu de la séduction, elle se serait donc amusée avec moi comme avec beaucoup d'autres, en lançant des regards appuyés, en tournant autour du pot et puis quand le monsieur se lance dans une phrase dite d'approche, tout ce qu'il y a de plus banal, elle assène fièrement son leitmotiv "Moi c'est Julia, je suis amoureuse d'un capitaine de gendarmerie."
Je l'ai regardée longuement, sentant qu'elle guettait la moindre de mes réactions et dans un sourire entendu, j'ai dit : "Moi aussi."

03 November 2006

A l'extérieur


Je marche, je me vois marcher.
Etait-ce bien moi qui pensait tout à l'heure. Qui regardait l'autre bord de la route. Si je compte bien, ça fait plus de six mois que ça dure, cette impression. Je marche et je me vois marcher. Je suis mon spectateur que j'ignore ou feins d'ignorer. J'avance mais ce n'est pas vraiment moi, c'est lui qui se trompe, lui qui prend à gauche ou à droite, lui qui vieillit aussi. Moi, je regarde tout ça, rassuré, ce n'est pas vraiment moi, c'est plus facile comme ça.
Et si je tombe. Que va-t-il se passer. Si je tombe, c'est moi qui aurai mal. Peut-être pas. Je le verrai tomber tout comme je le vois se tromper de chemin, s'arrêter, s'épuiser dans sa quête. Je ne corrige rien, n'évite pas les erreurs, je les vis sans les percevoir comme des blessures, comme si je voyais un autre les commettre, en sympathie.
Une carapace s'est formée sans que je m'en aperçoive, une armure inconsciente m'enveloppe, me fait sortir de moi. Je suis hors de moi. Et ça me met hors de moi. Même les jeux de mots ne sont pas de moi...
Je vis, je me vois vivre. C'est déjà ça.