Il reste - deuxième partie
Bon alors quand Claire a remis ça l’autre soir je ne l’ai pas vraiment prise au sérieux. Depuis trois ans qu’on vit ensemble, je veux dire qu’on habite ensemble, elle a mis dix mois à accepter que j’emménage avec elle à l’époque, on a eu des hauts et des bas. C’est normal. On n’est parfait ni l’un ni l’autre mais globalement, je trouve que ça se passe plutôt bien entre nous. On a trouvé un équilibre dans notre relation entre son tempérament, disons, énergique et mon côté plus réservé. C’est ce que j’aime chez elle, cette façon qu’elle a de s’emballer, de s’enthousiasmer, voire de s’enflammer pour des choses qui, moi, me laisseraient plutôt indifférent. Elle essaye toujours de me faire comprendre les raisons de son excitation dans ces moments-là, j’aime bien quand elle veut me convaincre qu’elle a raison. Moi, je ne cherche pas à tout prix à avoir raison, je ne suis pas quelqu’un qui argumente ou qui aime débattre pendant des heures. Claire, si. Alors on a eu des soirées animées, des discussions sur tout, la politique, un film que nous avions vu, nos familles et leurs habitudes contradictoires. En général, je ne cherche pas à avoir le dessus, ça ne sert pas à grand chose. Au risque de paraître mou. Ou terne. C’est son ami d’enfance qui a dit ça de moi, que j’étais trop terne pour Claire. Claire s’est brouillée avec lui, je n’étais pas là à ce moment-là, mais je sais qu’elle a pris ma défense et qu’elle a préféré se fâcher avec lui, qu’elle aimait depuis toujours, pour préserver notre amour. J’étais un peu gêné d’être la cause de cette brouille mais en même temps ça n’a fait que renforcer notre relation. Depuis, elle m’appelle son Fred multicolore. Quand ça va bien entre nous. Vendredi, ça manquait cruellement de couleurs dans ses propos. Pour me qualifier. J’ai cru qu’elle allait lâcher le mot, dire que j’étais terne, que Samuel avait raison, elle a hésité, je l’ai senti. Bizarrement, ce n’est pas ça qui m’aurait le plus fait de mal, si elle l’avait voulu. Elle est partie dans la nuit après m’avoir fait une démonstration de tout son répertoire flamboyant, de toute façon, ce week-end était prévu de longue date, je lui avais dit tout de suite que je ne viendrais pas. Je ne sais pas si c’est à cause de ça qu’elle m’a fait cette scène. Avec Claire, on ne sait jamais trop si elle exagère pour marquer les esprits ou si elle est vraiment dans un état de révolte sincère. Même moi j’ai du mal à le savoir. C’est vrai que ça fait plusieurs jours qu’elle ne va pas bien, qu’elle est assez susceptible mais je n’ai pas l’impression d’avoir changé ou de m’être rendu désagréable. J’imagine que c’est ses journées au travail qui la mettent dans cet état. Ils la poussent à bout. J’évite le sujet parce que je sais qu’elle n’aime pas qu’on en parle.
Elle m’a demandé de partir d’ici, de ne plus revenir. Elle a décidé que c’était fini. Je ne vois pas comment notre histoire pourrait s’arrêter comme ça, d’un coup, alors qu’il n’y a pas eu de problèmes, je veux dire, entre nous. Quand on est tous les deux, tout se passe plutôt bien. On s’aime. On est complices. Je sens bien qu’elle n’est pas bien. Mais je ne vais pas la laisser au moment où elle a le plus besoin de moi. Je vais attendre qu’elle revienne pour qu’on en parle. Calmement.
Elle m’a demandé de partir d’ici, de ne plus revenir. Elle a décidé que c’était fini. Je ne vois pas comment notre histoire pourrait s’arrêter comme ça, d’un coup, alors qu’il n’y a pas eu de problèmes, je veux dire, entre nous. Quand on est tous les deux, tout se passe plutôt bien. On s’aime. On est complices. Je sens bien qu’elle n’est pas bien. Mais je ne vais pas la laisser au moment où elle a le plus besoin de moi. Je vais attendre qu’elle revienne pour qu’on en parle. Calmement.
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