The Köln Concert - Part I
C'est par elle qu'il fallait commencer. Un début à tout, un commencement à ça, elle ou rien. L'attente, l'impatience et la douleur. La sentir venir, ce sera une fille elle leur ressemblera, il en tremble, elle a peur, il est fou de joie, c'est ça c'est ça, ça vient allez courage. Courage de l'amour qui transpire encore mais après qui s'en souviendra. Si elle avait pu le voir à ce moment-là celui qui était déjà son père, si elle avait pu voir tout ça, ce tremblement, cette impatience, elle y aurait peut-être cru mais c'est ce qui lui manquera, ce tremblement, cette impatience, ce qui trahit l'amour au moment où on croit tout perdre où la libération vient d'un cri, la libération du corps qui offre après s'être offert, la naissance cette naissance, un cadeau, les cris de joie. Les pleurs aussi le soulagement et le bonheur, la vie qui bouge entre les doigts, l'épuisement, les larmes qui reviennent, la grimace du sourire et entre tes mains, elle, cette petite chose. C'est une fille. Elle est là maintenant, elle vit et commence à se battre. Elle a de la chance. On le pense on le dit, ils s'aiment, ils l'aiment tout va bien, tout commence bien donc. Plutôt bien. Pas de regrets pour une fois, c'est bien la dernière fois. Elle ne peut pas le savoir. Je le sais déjà d'où j'observe dans le néant qu'elle vient de quitter.
C'est la deuxième mesure, un petit cri pointu déchire tout. Elle est là. Il faut faire avec. Faire avec. Avec ça, avec elle. Rien n'est plus comme avant. Il le dira souvent, elle aussi sur un autre ton. Ils le penseront souvent en même temps mais elle est là, c'est comme ça maintenant.
Un jour dans la vie. Elle accouche, lui tombe un autre a peur, celle-ci s'essouffle à courir derrière. Et tous ceux-là écoutent comme médusés. Un jour ce jour, il fallait bien que ça commence là. Ici ou là. Mais c'est la date, c'est sûr. Il aura fallu vingt ans pour être ici. Se retrouver. Et commencer. Recommencer avec moi, cette fois, mon entrée mon début. Une carte d'anniversaire, une fausse signature. Sa boîte aux lettres déjà. Sans suite sans histoire si ce n'est la nôtre et rien qui ne pouvait laisser présager cela. Ça se dessinait autour de nous, malgré nous. C'était mal parti mais c'était pas plus mal.
Je ne le saurais que tard. Longtemps, c'était juste un jour, un jour voilà. Ça deviendrait le jour d'avant et puis finalement ce jour. Le tirage des dates s'intensifie. Les années passent, les noms s'accumulent. Chaque jour a son histoire. Celui-ci a la sienne pour le monde. Et pour moi. Mais pas depuis longtemps. Il l'a toujours eu sans que je le sache bien. Par elle, par lui, par ceux que je croiserais plus tard.
Ce qui est sûr. Le point de départ de tout ceci. Le point alpha, le lancement, sa naissance. Tout s'est enchaîné comme prévu. Après. D'abord moi. Les autres, le chemin de chacun sans le savoir, sans se savoir. Soixante-seize rien, soixante-dix-sept rien, soixante-dix-huit rien, soixante-dix-neuf rien, quatre-vingts rien, quatre-vingt-un rien, quatre-vingt-deux rien, quatre-vingt-trois rien, quatre-vingt-quatre rien, quatre-vingt-cinq rien, quatre-vingt-six rien, quatre-vingt-sept rien, quatre-vingt-huit rien, quatre-vingt-neuf rien, enfin rien qui ait cette importance, quatre-vingt-dix rien, quatre-vingt-onze rien, quatre-vingt-douze rien, quatre-vingt-treize presque rien, quatre-vingt-quatorze rien. La liste est inutile, c'est plus une preuve, son impatience à lui de quelques heures. Moi c'était plus long depuis le début. Ce serait forcément plus long. De l'attente, rien en regard de ce qui suivrait. On n'attend pas vraiment quand on ne sait pas. C'est après qu'on croit. Avoir attendu. Avoir espéré, avoir prié. Pour que ça arrive. Mais ça on ne le souhtaite pas. Jamais. Ça vient mais on ne le veut pas. Ou après. C'est pourtant vrai. Pour tout le monde. Et pour nous surtout. Pour elle d'abord.
L'hiver dans tout ça. Ce point commun, la liaison depuis toujours - l'hiver et la nuit - comme prétextes à se lancer. Pas mal d'hivers. Comme on l'a vu. Des plus tristes certainement, des meilleurs aussi, des comme on les regrette. Quand la neige a fondu. Quand il fait un peu jour. Mais en attendant, on y est. C'est épais, c'est sinistre, on y pense ça ne change rien. En bien. En pire. Ce serait trop facile de s'en remettre au temps. Là-haut. Déjà que l'autre nous nargue nous piège un peu plus chaque jour. On y vient, on y revient. L'hiver, le soir l'annonce que ça arrive.
Il faudra faire avec, elle sera toujours là, dans un coin de la tête, elle sera mon refrain, une forme de refrain, une lueur qui revient, un refuge pour certains jours - en hiver souvent - la source, la seule source. Voilà pourquoi c'est par elle qu'il fallait commencer. Elle le sait peut-être. Depuis le temps. Si elle le sait, elle ne le montre pas. Elle attend que je le dise. Si je le dis c'est trop tard. Depuis le début c'est comme ça. Elle attend que je me jette. A l'eau. Dans la gueule du loup. La pierre au cou. Dans le vide. Mon vertige vient de là. Je la vois. J'ai peur. Du vide. De tomber. D'y prendre goût. Le goût du vide, de l'eau, de tout ce dont encore tout à l'heure j'avais peur. On ne dira plus le mot fou. Je dégringole. Pour elle. Mais sans elle. On se laisse vite dépasser. Elle d'abord, moi très vite, juste après elle. Une cascade. De mots. De tremblements. De troubles. L'eau trouble, une bonne raison d'avoir eu peur. Jusqu'au refrain. Le semblant de refrain. Qu'elle sera toujours. Sous la plume ou sur l'oreiller. Il bat la mesure avec le pied, nous ne sommes pas les seuls à nous impatienter.
Aujourd'hui pour le monde. Maintenant pour moi aussi. Tu cries. Tu cries sans te douter. Il joue sans te connaître. Il joue pour toi. J'en suis sûr aujourd'hui. Tu ne le sais pas. Lui non plus. Tu cries toujours. Pas assez fort pour l'arrêter. Il joue pour toi. Je suis le seul à le savoir. Mon refrain. Toi. La musique sur laquelle tu es née.
C'est la deuxième mesure, un petit cri pointu déchire tout. Elle est là. Il faut faire avec. Faire avec. Avec ça, avec elle. Rien n'est plus comme avant. Il le dira souvent, elle aussi sur un autre ton. Ils le penseront souvent en même temps mais elle est là, c'est comme ça maintenant.
Un jour dans la vie. Elle accouche, lui tombe un autre a peur, celle-ci s'essouffle à courir derrière. Et tous ceux-là écoutent comme médusés. Un jour ce jour, il fallait bien que ça commence là. Ici ou là. Mais c'est la date, c'est sûr. Il aura fallu vingt ans pour être ici. Se retrouver. Et commencer. Recommencer avec moi, cette fois, mon entrée mon début. Une carte d'anniversaire, une fausse signature. Sa boîte aux lettres déjà. Sans suite sans histoire si ce n'est la nôtre et rien qui ne pouvait laisser présager cela. Ça se dessinait autour de nous, malgré nous. C'était mal parti mais c'était pas plus mal.
Je ne le saurais que tard. Longtemps, c'était juste un jour, un jour voilà. Ça deviendrait le jour d'avant et puis finalement ce jour. Le tirage des dates s'intensifie. Les années passent, les noms s'accumulent. Chaque jour a son histoire. Celui-ci a la sienne pour le monde. Et pour moi. Mais pas depuis longtemps. Il l'a toujours eu sans que je le sache bien. Par elle, par lui, par ceux que je croiserais plus tard.
Ce qui est sûr. Le point de départ de tout ceci. Le point alpha, le lancement, sa naissance. Tout s'est enchaîné comme prévu. Après. D'abord moi. Les autres, le chemin de chacun sans le savoir, sans se savoir. Soixante-seize rien, soixante-dix-sept rien, soixante-dix-huit rien, soixante-dix-neuf rien, quatre-vingts rien, quatre-vingt-un rien, quatre-vingt-deux rien, quatre-vingt-trois rien, quatre-vingt-quatre rien, quatre-vingt-cinq rien, quatre-vingt-six rien, quatre-vingt-sept rien, quatre-vingt-huit rien, quatre-vingt-neuf rien, enfin rien qui ait cette importance, quatre-vingt-dix rien, quatre-vingt-onze rien, quatre-vingt-douze rien, quatre-vingt-treize presque rien, quatre-vingt-quatorze rien. La liste est inutile, c'est plus une preuve, son impatience à lui de quelques heures. Moi c'était plus long depuis le début. Ce serait forcément plus long. De l'attente, rien en regard de ce qui suivrait. On n'attend pas vraiment quand on ne sait pas. C'est après qu'on croit. Avoir attendu. Avoir espéré, avoir prié. Pour que ça arrive. Mais ça on ne le souhtaite pas. Jamais. Ça vient mais on ne le veut pas. Ou après. C'est pourtant vrai. Pour tout le monde. Et pour nous surtout. Pour elle d'abord.
L'hiver dans tout ça. Ce point commun, la liaison depuis toujours - l'hiver et la nuit - comme prétextes à se lancer. Pas mal d'hivers. Comme on l'a vu. Des plus tristes certainement, des meilleurs aussi, des comme on les regrette. Quand la neige a fondu. Quand il fait un peu jour. Mais en attendant, on y est. C'est épais, c'est sinistre, on y pense ça ne change rien. En bien. En pire. Ce serait trop facile de s'en remettre au temps. Là-haut. Déjà que l'autre nous nargue nous piège un peu plus chaque jour. On y vient, on y revient. L'hiver, le soir l'annonce que ça arrive.
Il faudra faire avec, elle sera toujours là, dans un coin de la tête, elle sera mon refrain, une forme de refrain, une lueur qui revient, un refuge pour certains jours - en hiver souvent - la source, la seule source. Voilà pourquoi c'est par elle qu'il fallait commencer. Elle le sait peut-être. Depuis le temps. Si elle le sait, elle ne le montre pas. Elle attend que je le dise. Si je le dis c'est trop tard. Depuis le début c'est comme ça. Elle attend que je me jette. A l'eau. Dans la gueule du loup. La pierre au cou. Dans le vide. Mon vertige vient de là. Je la vois. J'ai peur. Du vide. De tomber. D'y prendre goût. Le goût du vide, de l'eau, de tout ce dont encore tout à l'heure j'avais peur. On ne dira plus le mot fou. Je dégringole. Pour elle. Mais sans elle. On se laisse vite dépasser. Elle d'abord, moi très vite, juste après elle. Une cascade. De mots. De tremblements. De troubles. L'eau trouble, une bonne raison d'avoir eu peur. Jusqu'au refrain. Le semblant de refrain. Qu'elle sera toujours. Sous la plume ou sur l'oreiller. Il bat la mesure avec le pied, nous ne sommes pas les seuls à nous impatienter.
Aujourd'hui pour le monde. Maintenant pour moi aussi. Tu cries. Tu cries sans te douter. Il joue sans te connaître. Il joue pour toi. J'en suis sûr aujourd'hui. Tu ne le sais pas. Lui non plus. Tu cries toujours. Pas assez fort pour l'arrêter. Il joue pour toi. Je suis le seul à le savoir. Mon refrain. Toi. La musique sur laquelle tu es née.
2 Vous avez toujours quelque chose à dire :
A 14/9/06 11:08, Anonym a eu le culot d'écrire
Ah on retrouve bien le style des premières nouvelles épileptiques de l'auteur qui nous laisse à penser que Georges Meunier n'était qu'un divertissement populaire pour appater le chalant. Force est de constater que ça n'a pas marché.
Alors autant se faire vraiment plaisir en retrouvant le chemin des récits à regrets et angoisses.
A 17/1/10 16:44, Anonym a eu le culot d'écrire
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