Il reste - quatrième partie
Claire ne veut plus dormir avec moi dans la chambre. J’ai beau lui dire que je la laisserai dormir, que je n’empiéterai pas sur sa moitié de lit. Elle me fusille du regard, soupire et répète qu’il faut que je m’en aille. Elle campe depuis une semaine dans le salon, sur le canapé, elle ne doit pas bien dormir comme ça, ce n’est pas un canapé-lit et puis c’est ridicule, je suis là tout seul dans le grand lit, notre grand lit. Je l’entends tourner en rond, regarder la télé jusque tard. L’autre nuit, je ne dormais pas encore, je l’ai entendue qui sanglotait. Je me suis levé pour la réconforter, elle a pleuré encore plus fort en me voyant entrer, s’est cachée la tête sous la couette et m’a crié de partir, enfin, de me casser. J’étais vraiment désœuvré, je voulais l’aider, sincèrement, je n’aime pas la voir dans cet état. Je ne sais pas pourquoi elle s’obstine à me tenir pour responsable de son malheur. J’ai tenté différentes approche depuis le week-end dernier, je lui ai proposé de l’inviter à dîner quelque part pour qu’on discute, j’avais acheté des fleurs, c’est vrai que je ne le fais pas souvent, mais je n’ai pas vu dans sa surprise de joie ou de réconfort. Au restaurant, nous avons discuté calmement, mais elle s’enferme dans cette idée que je suis de trop, que tout ira mieux quand je ne serai plus là. Pour tous les deux. Mais c’est là qu’elle se trompe, je ne vois pas pourquoi j’irais mieux sans elle, c’est avec elle que je veux être, je suis bien avec Claire, c’est normal de rester avec celle qu’on aime. L’avantage de se voir en dehors de chez nous, c’est qu’elle ne pouvait pas crier, elle était obligée de se maîtriser. Je sentais que ça la minait de ne pas pouvoir éclater un bon coup. Elle m’a demandé une cigarette et j’ai compris que ça n’allait vraiment pas. Claire a arrêté de fumer bien avant qu’on soit ensemble. Elle a toujours essayé de me dissuader de continuer moi-même mais ne m’a jamais empêché de fumer à la maison. Là, elle a fumé toute la soirée. En rentrant, elle m’a demandé de partir dès le lendemain. Elle m’a laissé l’embrasser sur la joue quand je lui ai souhaité une bonne nuit après avoir longuement tergiversé et pas mal bu au restaurant. Mais depuis, j’ai bien réfléchi à tout ce qu’elle m’a dit. Je crois plus à un passage à vide de sa part qu’à une réelle volonté d’en finir avec notre histoire. C’est sûrement une forme atténuée de dépression, je n’y connais rien, mais le fait qu’elle pleure si souvent, qu’elle soit dans ce délire de vouloir me voir partir, je ne vois pas d’autre explication rationnelle. Alors je vais attendre que ça passe et elle verra que ce sera encore plus fort quand on sera sortis de cette mauvaise passe. Je ne lui ai pas dit ça. J’espère qu’elle le comprendra.
0 Vous avez toujours quelque chose à dire :
Kommentar veröffentlichen
<< Home