meinetwegen

tentative de rattrapage, espace d'exploration, d'échange et d'expérimentation, tout par la langue, rien que la langue, slurp.

28 November 2006

Il reste - troisième partie

Quand il s’est approché pour m’embrasser, j’ai eu un mouvement de recul. J’étais pliée en deux sur le canapé, lui juste au-dessus de moi, prêt à aller bosser. J’ai dit non ça ne va pas, Fred, t’as plus rien à faire ici, t’as pas compris, je veux que tu partes, c’est fini. Lui a dit que non, que je ne le pense pas vraiment et puis où il irait, on ne trouve pas un appartement comme ça en claquant des doigts, il m’a saoulée avec ses histoires de préavis, que je pouvais moi aussi lui laisser un préavis. J’ai répondu que j’étais pas sa proprio, ni sa patronne, je lui demandais juste de partir, pour le bien de tout le monde. Ça ne sert à rien de rester ensemble quand on ne s’aime plus. Et là il a juste murmuré, mais moi je t’aime, ça m’a scié, je sais pas ce qu’il espère, pourquoi il veut faire durer, ça, cette histoire qui traîne depuis trop longtemps. Je pourrais partir, moi, mais le bail est à mon nom, c’est chez moi ici et puis quoi, plus il restera plus on va se faire du mal, je ne lui veux pas de mal, en tout cas pas encore, il faut qu’il parte maintenant, le plus tôt possible, je croyais avoir été claire. Il a fait cette vieille blague t’es toujours Claire, ça me faisait rire avant mais là j’ai pris le premier coussin qui passait et je lui ai jeté casse-toi. Il est parti. Travailler. Je sais que ce soir il sera encore là quand je rentrerai. J’essaye de trouver une solution sous l’eau bouillante de la douche je mouille mon visage exprès comme pour me cacher que je pleure. Il veut qu’on se fasse la guerre, je ne sais pas, c’est du chantage mais il ne donne pas de conditions, je pourrais changer les serrures, tout mettre devant la porte, comme dans les mauvais mélos, qu’est-ce qu’il veut qu’est-ce qu’il espère de moi. On va se détester, c’est justement ce que je voulais éviter en lui demandant de partir. On arrête là, en adultes, on garde le bon, les souvenirs et on aura plaisir à se revoir dans quelques mois, on gardera toujours ce plus, ce qu’on a vécu, ce qu’on sait de l’autre. C’est quand même mieux que de s’user, de s’ignorer, de se bouffer le nez pour des histoires de colocation. Parce que ce n’est plus qu’une colocation, s’il reste et je ne veux pas d’un colocataire. J’ai besoin d’être un peu seule, de me retrouver, de faire le point. C’est fou, c’est le genre de phrases qu’on lit ou qu’on entend, dans les histoires de rupture mais c’est exactement ça, j’ai besoin d’être un peu seule, il pourrait respecter ça, à défaut de comprendre. Je voulais pas lui faire le coup de la parenthèse, du temps de réflexion, on a bien eu le temps de réfléchir depuis tout ce temps où ça piétine entre nous. Il voit bien que ce n’est plus comme avant, entre nous, comment peut-il encore parler d’amour.

0 Vous avez toujours quelque chose à dire :

Kommentar veröffentlichen

<< Home