meinetwegen

tentative de rattrapage, espace d'exploration, d'échange et d'expérimentation, tout par la langue, rien que la langue, slurp.

21 Dezember 2006

C'était un petit sapin...

En attendant de vous retrouver pour la nouvelle année, je vous laisse entre les bonnes mains du Professeur Rollin, mon maître.

14 Dezember 2006

Il reste - sixième et dernière partie

Je ne voulais pas céder. Par principe. Ce genre de décisions, ça se prend à deux, dans un couple. Ce n’est pas à l’une ou à l’autre de tout arrêter comme ça. Enfin, c’est ma vision du couple. Claire ne le voit pas de la même façon. On était fin janvier, le 29, j’étais tout seul à la maison en début de soirée, je me souviens avoir été en train de préparer mon repas tout en suivant les infos à la télé. Je passais sans arrêt de la cuisine au salon pour voir une image ou surveiller la cuisson de ma tarte. Je ne savais pas quand Claire rentrerait, de toute façon on ne se parlait plus depuis l’année dernière, je devrais dire, elle ne me parlait plus. J’étais bien décidé à partir puisque je voyais bien que, pour elle, il n’y avait pas de retour possible à une situation normale entre nous. J’ai bien cru qu’elle allait faire changer les serrures pendant les fêtes alors que j’étais chez ma mère. Mais non, elle n’a pas osé. Elle a fait pire, ce 29 janvier. J’ai entendu sa clé dans la serrure et j’ai donc regardé vers la porte d’entrée qui n’a fait que s’entrouvrir. Elle n’est pas entrée. Mais j’ai tout de suite senti un frisson de panique quand j’ai vu les deux yeux lumineux qui me fixaient du couloir… J’ai eu juste le temps de m’enfermer dans la cuisine. Elle l’a trouvé son argument imparable, un chat. J’ai jamais pu supporter ces bêtes-là, les bêtes à poil en général. Mais l’idée d’avoir à croiser celui-ci, qu’il puisse se frotter à moi ou mettre ses poils sur mes affaires, j’ai vraiment cru que je devenais fou, barricadé dans la cuisine, je n’ai pas touché à mon repas, pour une fois où je me donnais un peu de mal. Je savais qu’il était là, derrière la porte, qu’il devait inspecter son nouveau territoire. J’ai compris à cet instant que c’était vraiment fini entre Claire et moi, qu’il n’y avait plus à espérer quelque sentiment de sa part. Le fait qu’elle ait mis si longtemps à recourir à une telle arme me montre maintenant qu’elle m’aimait encore un peu avant. Avant d’en arriver là. Pas moyen de me calmer pour réfléchir à un plan d’action. Comment sortir d’ici ? Sauver mes affaires et éviter ce monstre. Oui, ça peut paraître exagéré d’employer un tel mot pour un chat, mais c’est vraiment l’effet que ça me fait. Je me retrouve comme un petit enfant démuni face à ses peurs viscérales, paralysé par la vision de son cauchemar. Je crois qu’à un moment, j’ai insulté Claire à voix haute, même si elle n’était sûrement plus sur le palier. Je me sentais trahi, vraiment de la pire façon. Si elle avait ramené un rival, ça ne m’aurait pas fait aussi mal. J’ai éteint le four, parce que la tarte commençait à caraméliser. J’ai ouvert tout doucement la porte, il était sur le canapé lové sur un de mes pulls. J’ai senti la nausée monter dans un frisson glacé. J’ai couru jusqu’à la chambre et claqué la porte derrière moi. Très vite, comme si l’immeuble était en train de brûler, j’ai jeté dans un sac de voyage le principal de mes vêtements, mon argent, mes dossiers du boulot, ce dont je pouvais avoir besoin dans les prochains jours. Je lui ai fait peur en ressortant comme un fou et en claquant la porte à nouveau, le chat s’est enfui sous la bibliothèque, j’en ai profité pour passer à la salle de bain, prendre le strict nécessaire, de quoi changer mes lentilles, et j’ai enfilé mon manteau et ai claqué la porte de l’appartement sans la fermer à clefs. J’ai laissé les clefs à l’intérieur, la lumière allumée, la télé en marche, le chat quelque part dans le salon. En arrivant au bas de l’escalier, je me suis rendu compte que mes genoux tremblaient comme après un effort physique extrême. J’ai appelé Sophie pour qu’elle vienne me chercher. Dans la voiture, je lui ai tout raconté, elle ne se doutait pas de ce qui s'était passé entre Claire et moi ces dernières semaines, je me confie rarement à ma petite sœur. Elle m’a fait une petite place dans son studio et est allée dormir chez son copain. Je n’ai pas revu Claire depuis. Mathieu est allé pour moi récupérer tout ce qui m’appartenait. J’ai fait le tour de mes amis pendant un mois avant de trouver un appartement dans le centre, plus près du bureau. Je n’ai toujours pas compris pourquoi elle a fait ça. On a vécu de si bons moments tous les deux, je ne sais pas pourquoi elle a voulu tout gâcher d'un seul coup. Elle connaissait pourtant mes deux principales phobies. Les chats et la solitude.


(merci à F.)

01 Dezember 2006

Il reste - cinquième partie

Ça fait cinq semaines que ça dure, je sais plus comment lui dire. C’est absurde. Je campe chez moi, dans mon propre appart’. Il dort dans ma chambre, dans mon lit et c’est moi qui campe, qui squatte, qui vis entre parenthèses. Il a essayé de me reconquérir plusieurs fois avec des cadeaux, des fleurs mais il ne comprend pas que c’est trop tard, qu’il ne peut pas acheter un changement, une décision contraire à celle que j’ai prise. Certains soirs, j’ai vraiment envie de le boxer, de le flanquer dehors à coups de pieds, de tout lui jeter dans la gueule, c’est lui qui me rend méchante à force. C’est pas compliqué pourtant. C’est fini, tu dégages. Je pouvais pas être plus claire. Oui, je sais. Je pourrais faire changer les serrures, mais c’est pas à moi de payer, de faire des démarches alors que je suis chez moi. Ça en devient pathétique de s’accrocher comme ça, à force, il me dégoûte, j’espérais qu’on pourrait rester amis, mais là je ne veux plus le voir, j’ai envie de tout brûler ce qui est à lui, qu’il comprenne, une fois pour toutes. Tant pis s’il pense que je suis folle, au moins ça lui fera peut-être peur et il se sauvera, et j’aurai enfin mon indépendance et un peu de solitude. Je veux juste me retrouver avec moi-même. Penser à moi et vivre un peu pour moi. Je pourrais aussi bien aller draguer le premier venu et le ramener à la maison, lui montrer qu’il gêne, mais je suis pas comme ça, enfin, j’en suis pas encore là, heureusement… Depuis lundi, je ne rentre que pour dormir, je mange dehors, je reste tard au bureau, je repousse au dernier moment l’heure de rentrer chez moi pour ne pas avoir à le croiser. Il a au moins compris ça et a arrêté de m’attendre dans le salon « pour parler ». Je ne sais plus comment lui dire. Je lui ai tout fait, les cris, les larmes, les menaces, c’est pas possible d’être comme ça… Et même ça, ça ne le fait pas fuir, me voir à bout, hystérique, non, il pense qu’il peut m’aider, que je traverse une mauvaise passe, mais c’est lui ma mauvaise passe… J’ai passé le week-end avec Samuel, celui d’avant chez mes parents, ils réagissent tous comme moi, pensent qu’il ne faut pas continuer cette histoire et trouvent ridicule voire puéril son acharnement. J’ai même cru que Samuel allait venir lui parler mais je l’en ai dissuadé. Ils ne se sont jamais trop appréciés avec Fred, je n’ai pas vu Samuel pendant des mois à cause de ça, j’ai pas envie que ça se transforme en règlement de compte, et puis je suis assez grande pour régler mes problèmes moi-même. Enfin, je commence à douter. Il est dans la chambre, il écoute sa musique sur sa chaîne, mais qu’il l’embarque et qu’il aille l’écouter ailleurs… Il essaye de me faire croire qu’il va partir pour me laisser du temps, c’est sa nouvelle stratégie, j’imagine. Je n’en crois pas un mot. Il a bien fait en sorte de laisser sur la petite table des journaux d’annonces immobilières, j’ai pas l’impression qu’il se bouge beaucoup. Il fait ses courses pour lui, a partagé les placards à vêtements, comme des vrais colocataires, mais ça m’énerve encore plus parce que je ne veux pas qu’il s’installe comme ça dans un nouvel équilibre qui semble lui convenir. Qu’est-ce qu’il espère ? Je ne lui parle plus, je ne le regarde plus. Je ne lui réponds plus. Je veux pas qu’on en arrive à se taper dessus, quand même, si on pouvait éviter d’en arriver là, de finir dans une histoire sordide de petit couple qui finit mal… c’est tout ce que je voulais éviter, mais c’est son comportement qui nous pousse vers une issue nulle. C’est bientôt Noël, à Noël je veux me faire ce cadeau : être enfin seule ici.