Stadtmonolog 4
J'aurais pu parler. Depuis le début. Je vois tout. J'entends presque tout. J'aurais pu tout dire, tout rapporter. Exactement comment ça s'est passé. Je suis bien placée pour le savoir. Comment c'était. Ce qu'ils ont fait. Ce qu'ils se sont dit. Et puis tout ce qu'on ne sait pas. Moi, je le sais. Mais je l'ai gardé pour moi. Pas envie de faire comme eux. La honte surtout. De les voir tous devenir comme ça. Si facilement corruptibles. Par peur. Qu'il leur arrive quelque chose. Qu'on les dénonce à leur tour, pour ce qu'ils ont pu penser à un moment ou un autre. Que l'on pourrait utiliser contre eux. Mentir pour se protéger. Dénoncer pour ne pas avoir à trop en dire. Pas avoir soi-même à se justifier. J'ai tout vu. Cela. Des deux côtés. Je suis bien placée pour savoir. Qui est fautif. Qui ne l'est pas. Mais je le garde pour moi. Je voudrais me laver de tout ça, oublier ceux-ci, réhabiliter ceux-là. Montrer les vrais visages, démasquer les traîtres et faire que tout éclate au grand jour. Qu'ils se pardonnent. Qu'ils se réconcilient. Je suis la seule à savoir. La vérité. La vérité de mes habitants.