meinetwegen

tentative de rattrapage, espace d'exploration, d'échange et d'expérimentation, tout par la langue, rien que la langue, slurp.

15 Januar 2009

Stadtmonolog 2

La greffe a pris, il reste des traces, des marques, ça ne marche pas du premier coup – ça ne peut pas marcher tout de suite. Rome avait ses jumeaux pour la créer, on faisait de moi deux jumeaux qu'on séparait de force, deux siamois. Siamois par le mur. On nous manipulait, nous gavait, artificiellement, on essayait de faire de nous deux adultes, de nous dresser l'un contre l'autre, frères ennemis, sœurs rivales, alors que nous étions la même. La naissance du chaos avait été difficile. Nous nous retrouverions, nous reviendrions une, indivisible, deux yeux au milieu du visage, un qui cligne quand l'autre rit, deux qui pleurent le même passé, pleurent de joie au moment des retrouvailles, cellules reconnectées, artères reliées, cœur reconstitué, sauvé, régénéré. Une vie réinsufflée sans le temps de l'anesthésie, qui a duré si longtemps et permis d'endurer toutes ces interventions chirurgicales, initiées par des charlatans qui jouaient avec mon corps comme pour une leçon d'anatomie, un grand sabbat d'apprentis sorciers.
Me revoici une, recousue de toutes parts, rafistolée et rustinée mais une, le cœur bat, les yeux voient, je recommence à respirer. Plus de plâtre sur les fractures. La greffe a pris, je vais de nouveau pouvoir grandir, malgré les cicatrices, on me désirera.

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