meinetwegen

tentative de rattrapage, espace d'exploration, d'échange et d'expérimentation, tout par la langue, rien que la langue, slurp.

05 September 2008

Journal de celui qui est parti – 3

Cette nuit, j'ai bien failli. Les rappeler, tous. L'un après l'autre. D'abord C. bien sûr puis B. et L. Et les autres ensuite. Les appeler et juste leur dire. Mon adresse. Et puis viens. Viens me voir. Et raccrocher juste après. Attendre ensuite. Lequel viendrait le premier. Lequel réussirait à me rejoindre le plus rapidement, par la route, le train, les airs… Le plus rapide ne pourrait pas être là avant le matin. Je n'aurais pas pu me rendormir. J'aurais attendu. Et toute la journée ensuite, s'il le fallait. Et peut-être encore deux jours. C. serait venue, elle aurait mis du temps mais elle serait venue. Elle aurait été sûrement surprise de me trouver ici. Plutôt bien. Jusqu'à cette nuit. Elle n'aurait rien dit. M'aurait juste serré très fort. Elle aurait sûrement pleuré. Moi aussi. Je ne l'ai pas fait. J'ai réussi à me retenir. Je ne suis pas descendu téléphoner. Je suis resté dans ma chambre. H. dormait à côté de moi, sa tête tournée vers moi, un petit rictus dans son sommeil, je l'ai embrassée, me suis lové contre elle, elle n'a pas bougé. J'ai attendu. Je comptais les battements de mon sang dans mes tempes, je pensais que le bruit allait la réveiller. Plus j'étouffais, plus je me serrais contre elle. Elle dormait bien, rayonnante de notre bonheur. Ma nouvelle vie. Celle que j'ai vraiment choisie. Je n'ai pas vraiment pu me rendormir, j'ai calé ma respiration sur la sienne, elle a bougé quand j'ai embrassé ses cheveux, elle s'est tournée et j'ai continué à penser. Si je les rappelais, qui viendrait. Quand viendrait C. Que penserait-elle de me voir ainsi, ici. Je pourrais le lui écrire. Mais je me le suis interdit. Depuis le début. J'ai dû sombrer sur le matin, il faisait déjà clair. J'ai dormi profondément, comme épuisé par cette nuit. H. m'a réveillé tout doucement, m'a dit quelque chose que je n'ai pas compris. Son regard dans la lumière du matin, le soleil si cru, j'ai bien fait. Avant que j'aie pu lui dire bonjour, elle me ferme la bouche d'un baiser, comme elle seule en a le secret.

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