meinetwegen

tentative de rattrapage, espace d'exploration, d'échange et d'expérimentation, tout par la langue, rien que la langue, slurp.

03 September 2008

Journal de celui qui est parti – 1


La photographie ? J'y pensais justement. Oui, c'est étrange mais elles partagent toutes cette même passion. C'est un hasard si j'aime systématiquement une femme qui pratique la photographie. Pour le plaisir. Je n'en ai pas connu de professionnelle, enfin pas au sens où on l'entend, mais si je pense à C. ou même N., chacune à sa façon était photographe. M. aussi bien sûr. Chacune avec son propre style. Quand je serai bien vieux, reclus dans mon alcôve, j'exposerai ma dépouille au milieu des portraits encadrés réalisés par celles qui m'ont aimé. On me verra adolescent, cliché mal fixé au club photo du lycée, rayonnant dans l'ivresse du premier amour, magnifié ensuite par celle qui m'a le plus aimé et transformé enfin par la tendresse du regard derrière l'objectif. Et toi aussi, alors, tu photographies. Ton portrait sera là aussi si tu le réalises un jour, si je pose pour toi, si tout cela débouche sur quelque chose… en même temps, je n'en doute pas. Ce sera peut-être le plus surprenant dans cette exposition. Celui que personne ne soupçonne et je ne pourrai que t'offrir un visage serein, où le bonheur affleure. Un visage que personne n'a jamais vu. Pas même moi. Peu importe quels seront les prochains, qui seront les prochaines, c'est ce portrait qu'il faudra mettre juste au-dessus de moi, quand les quelques amis qui m'auront survécu viendront me voir une dernière fois. Je ne sais pas si toi, tu seras là, à ce moment-là, si tu m'auras suivi jusque là, si tu te souviendras encore de moi, mais tous devront me voir tel que tu m'as fait, en cet instant. La photographie ? Intéressant. J'avais oublié de te répondre. Je ne veux pas te dire, je ne peux pas te dire que les autres avant toi, aussi… j'aimerais que tu sois la première, que tu prennes ton appareil d'une main, que tu tendes le bras le plus loin de nous et que tu retournes l'objectif sur nous, pour immortaliser ce que nous sommes en train de vivre, pour que tout le monde le sache. Même si personne ne voit la photo. Même si personne ne nous voit. D'autres ont fait le geste avant toi. Mais toi, tu dois le faire, pour nous. pour que commence vraiment l'histoire. pour nous documenter. Au lieu de ça, tu fourrages dans ton sac, tu sors un briquet et te lèves. Tu m'embrasses rapidement. Tu reviens, dis-tu. L'appareil est là sur la banquette à côté de moi, tu n'y as pas touché. Je pourrais le prendre et réaliser seul cet autoportrait comme une surprise pour plus tard. Je n'en fais rien. Non, j'ouvre l'arrière de l'appareil, sors le film juste amorcé et le range dans une poche de ton sac. Je n'attends pas que tu ais fini et sors par l'arrière du café.

2 Vous avez toujours quelque chose à dire :

  • A 4/9/08 13:03, Anonymous Anonym a eu le culot d'écrire

    çA Y EST, TU ES LÀ. J'ATTENDAIS QUE TU VIENNES FAIRE LE MÉNAGE. RIEN N'A ÉTÉ DÉPLACÉ !
    LES TEXTES NOUVEAUX SUR CES PAGES VONT FAIRE FLEURIR TES POTS.
    D'ACCORD POUR LE NAGRA. LE MONO IRA.
    FK

     
  • A 25/11/09 14:13, Anonymous Anonym a eu le culot d'écrire

    ce que je cherchais, merci

     

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